Chapitre III

Les raisons du choix de Monsieur Yves Roland-Billecart

Yves Roland-Billecart, quatrième président d'Air AfriqueAfin de soustraire le futur PDG à des pressions exercées, soit par son pays d’origine, soit par les administrateurs d’autres États, le Président Félix Houphouët-Boigny proposa à ses pairs de faire appel à un candidat non ressortissant d’un État Membre.

La Conférence des Chefs d’États, non sans frustration de certains ses membres, mais sans aucune réserve ouvertement exprimée, approuva la proposition du Président Houphouët de faire appel à un PDG français, la France étant partie prenante à Air Afrique.

Dans ce sens, il entreprit les démarches pour la mise en place effective du nouveau Président Directeur Général, et demanda à Monsieur Michel Rocard, alors Premier Ministre français, de lui détacher pour une mission de redressement, un de ses hauts cadres.

Monsieur Yves Roland-Billecart, en fin de carrière au poste de directeur de la Caisse Centrale de Coopération Française, (rebaptisée plus tard Caisse Française de Développement puis Agence Française de Développement) fut proposé pour cette mission en 1989.

Pour une bonne partie de l’élite africaine, le choix d’un français, presque trente ans après les indépendances, était un aveu d’échec, un retour à la colonisation, une gifle donnée aux compétences africaines.

La mise en place du nouveau Président Directeur Général, fut précédée, à sa demande, d’une mission pluridisciplinaire chargée de l’évaluation de la situation réelle de la Compagnie. Cette mission conclut à la nécessité de sa recapitalisation, de sa restructuration en profondeur, et d’une réduction de ses effectifs afin de dégraisser, ce que Monsieur Roland-Billecart a comparé à une « armée mexicaine », où il y avait plus de généraux que de soldats.

Monsieur Yves Rolland-Billecart prit fonction, avec comme « feuille de route », « un plan de redressement » préalablement approuvé et signé à Yamoussoukro par tous les Chefs d’États des pays membres, lors de la conférence des Chefs d’États du 2 février 1989. Il s’était attaché pour cette mission, les services d’une équipe de financiers issus pour la plupart, de la Caisse Centrale de Coopération Française. Parmi les membres de l’équipe, seuls deux venaient du domaine du transport aérien : Messieurs Jean-Pierre Aragnetti, détaché d’Air France et nommé Directeur délégué chargé de l’exploitation et Pascal de Izaguirre, Directeur Commercial, issu de la Direction Générale de l’Aviation Civile Française (DGAC). En conséquence de la mise en place de ‘’ l’équipe Billecart ‘’, tous les Directeurs en poste furent remerciés au motif « qu’on ne garde pas une équipe qui perd ».

Le mandat du Président Directeur Général qui lui donnait les pleins pouvoirs de gestion, était la contrepartie de la décision des chefs d’États et de l’aide financière de 37 milliards de CFA sollicitée par le Président Houphouët Boigny auprès de la France, aide qui avait été accordée.

Ouvrons une parenthèse concernant les salaires de l’équipe :

Il a été raconté un peu partout, que non compris les avantages, les salaires octroyés par Monsieur Roland-Billecart à son équipe (en 1989 avant dévaluation), avoisinaient les 15 millions pour lui-même, 7 millions pour ses Directeurs expatriés, puis plus tard, 3 millions pour les Directeurs africains.

Pour ce qui était des salaires de l’équipe, nous avons posé la question à un des Directeurs qui nous a répondu ceci : « Nous en avons discuté, et j’ai proposé que nos salaires soient ceux que la Caisse nous aurait attribués si nous étions en mutation pour son compte ». Cela dit, il nous situa en indiquant que les salaires variaient dans une fourchette comprise entre le salaire d’un copilote sur DC10, et celui d’un commandant de bord sur B747, c’est-à-dire à l’époque, entre 3 et 5 millions de CFA, non compris leurs avantages.

En ce qui concerne les Directeurs africains, il a été prouvé que le meilleur salaire, celui du plus ancien parmi nous, était de 2,5 million de CFA intégrant son ancienneté de près de 30 ans.

Chapitre II.6 – Monsieur Ickonga : un PDG constamment hors du siège

Les atouts de Monsieur Yves Roland-Billecart – Chapitre III.1

Leave a Reply

You can use these HTML tags

<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>