Chapitre IX.5

Les contretemps salvateurs pour Air France

Air Sénégal International : L’annonce par le Sénégal de la création d’Air Sénégal International en partenariat avec Royal Air Maroc en mars 2001 a retenti comme un coup de tonnerre dans le ciel africain. En effet, alors que l’ensemble des air-africains avait été soulagé par les décisions de Brazzaville puis les déclarations qui ont suivi ce sommet des chefs d’États, la création de cette compagnie venait obscurcir le ciel de la « Nouvelle Air Afrique ».

Air Ivoire international : Pour ne pas demeurer en reste, la Côte d’Ivoire, avec comme partenaire stratégique l’incontournable Air France, ressuscita la défunte Air Ivoire en créant en 2002 « Sociéte Nouvelle Air Ivoire ».

Les deux chefs d’États qui avaient en charge le dossier de la création de la nouvelle Air Afrique, venaient d’abandonner leur objectif de créer une compagnie communautaire.

Air Burkina (puis Air Mali) : La nature ayant horreur du vide et les ténors ayant ouvert la voie du chacun pour soi, le Burkina Faso en 2001 avec le groupe AGA KHAN créa la compagnie privée Air Burkina. En 2005, le groupe AGA KHAN rajouta le Mali à ses territoires avec la création d’Air Mali.

À la même époque, plusieurs compagnies éphémères virent le jour : Air Mauritanie et Tunis Air s’associèrent pour crée Mauritania Airways. West African Airlines, compagnie privée togolaise, puis Air Niger International se rajoutèrent à cette panoplie.

Les compagnies ainsi créées reconstituaient une partie des dessertes Inter-États de la défunte Air Afrique et avaient un programme long courrier quasi inoffensif et indolore pour Air France… dont le rêve était d’avoir une Nouvelle Air Afrique limitée à un rôle de feeder sur le réseau local.

Le point commun à toutes ces compagnies était qu’aucun ÉTAT ne détenait la majorité dans le capital, qu’aucune, en dehors de quelques vols vers l’Europe, principalement la France, n’avait de vols longs-courriers vers le moyen-orient, les États-Unis, ou même l’Afrique du Sud. Du fait de la taille de leur flotte et de la structure de leur actionnariat, aucune de ces compagnies n’avait de centre de maintenance ou de centre de formation.

Et la Nouvelle Air Afrique ?

Le projet de la création de la Nouvelle Air Afrique, bien que bouclé dans sa phase de conception, piétinait et le temps pressait. Malheureusement, des évènements extérieurs à la volonté des deux chefs d’États chargés du dossier, évènements intérieurs à leurs pays respectifs, les éloignèrent définitivement du dossier Air Afrique, il s’agit pour la Côte d’Ivoire de l’insurrection armée le 19 septembre et pour le Sénégal du naufrage du Joola* le 26 septembre 2002.

Au Sénégal, les évènements en cause ont entraîné des changements au niveau de certains postes Ministériels, en particulier celui des Transports, avec comme conséquence directe, le changement de priorité dans les dossiers à traiter, dont celui de la création de la Nouvelle Air Afrique.

En Côte d’Ivoire la seule priorité du moment était la défense de la patrie. Dans le prolongement de la défense de la patrie, une vague de xénophobie entraîna l’expulsion de nombreux résidents étrangers africains dont des ressortissants de pays membres de la multinationale Air Afrique. De plus, et puisque les conséquences des évènements de la Côte d’Ivoire affectaient directement l’ensemble des États de la sous région, aucun de leurs dirigeants respectifs, n’avait le temps de penser à la Nouvelle Air Afrique, privilégiant la recherche de solutions aux problèmes imprévisibles et complexes que leur posaient le retour massif et désordonné de leurs ressortissants. Ce qui se passait rendait impossible pour plusieurs années, toute idée de réunion entre le chef d’État ivoirien et plusieurs de ses homologues pour parler de projets communautaires.

En plus de la situation déliquescente de la compagnie, en plus des effets de l’attentat du 11 Septembre 2001 qui avaient entre autres, renforcé la position d’Air France sur le réseau africain et fait disparaître Air Afrique sur la relation Afrique–USA, avec ces deux catastrophes le sort de la Nouvelle Air Afrique était durablement compromis et de facto, relégué aux oubliettes

* Joola est le nom du bateau qui reliait Ziguinchor à Dakar, et qui a sombré en faisant plus de 1800 morts, plus que le Titanic, devenant ainsi à ce jour, la plus grande catastrophe maritime de tous les temps.

Chapitre IX.4 – Pour en terminer avec les RÉGIES

→ Chapitre IX.6 – Qui est responsable ?

2 comments to Chapitre IX.5

  • Abou Traoré

    Dans ce chapitre, au 2eme paragraphe, je pense qu’il s’agit de la Sociéte Nouvelle Air Ivoire et non Air Ivoire International. Le dernier paragraphe devrait avoir pour titre : Et la Nouvelle Air Afique ?

Leave a Reply

You can use these HTML tags

<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>