Sir Harry, l’homme du NOUVEAU SOUFFLE était-il le bon choix ?
Sir Harry Tirvengadum était le Directeur Général sortant de la Compagnie nationale Air Mauritius. Il a été dit, à tort ou à raison, mais je pense personnellement que c’était avec raison, que Sir Harry Tirvengadum devait sa nomination à son ami, Monsieur Vassiriki Savané, ancien Directeur de l’aviation civile ivoirienne, devenu conseiller du Ministre Ivoirien délégué au transport qui présidait alors le Comité des Ministres.
Le Conseil d’Administration de Niamey (Février 1997) mit fin aux fonctions de Monsieur Yves Roland-Billecart et procéda à la nomination de Monsieur Souley Mahamane, Ministre des transports du Niger, au poste de Président du Conseil d’Administration (PCA) et à celle de Sir Harry Tirvengadum au poste de Directeur Général (DG). Le 17 Février 1997 : Sir Harry Tirvengadum prenait les commandes de la Compagnie, et une nouvelle ère commençait pour Air Afrique.
L’arrivée de Sir Harry Tirvengadum à la tête de la Compagnie, a été pour le personnel, une énième occasion d’espérer sortir de l’ornière, tant la réputation qui l’avait précédée était élogieuse. L’accueil qui lui a été réservé par le personnel, de même que les propos de bienvenue, à lui prodigués par les autorités dans plusieurs États, ont confirmé s’il en était besoin, que le départ du Français était unanimement souhaité et son remplacement par un Africain quel qu’il fût, même des îles, lavait l’affront de 1989.
Cependant, à y regarder de plus près, on aurait légitimement pu se demander si malgré ses talents, l’expérience de Sir Harry à la tête de la compagnie nationale Air Mauritius en faisait le Directeur Général capable de gérer une compagnie multinationale de la taille, et dans la situation d’Air Afrique. En effet, il nous semble que les problèmes de management d’une compagnie nationale telle que Air Mauritius, Air Sénégal, Air Mauritanie ou Air Burkina, ne prédisposaient pas forcément leurs dirigeants à gérer Air Afrique.
Pour réussir sa mission, Sir Harry Tirvengadum se fondait au plan financier sur une résolution du conseil d’administration stipulant que pour le redressement d’Air Afrique, chaque État s’engageait à prêter 1 milliard de francs CFA à la Compagnie, soit au total 11 milliards, auxquels s’ajouteraient 20 milliards de l’ASECNA, (Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne), pour la constitution d’une « société de patrimoine ».
Pour simplifier, il s’agissait que l’ASECNA, qui tire une part non négligeable de ses revenus de l’activité de la Compagnie multinationale, et dont les Ministres de tutelle sont, dans les États membres, les mêmes que ceux de la Compagnie, avance 20 milliards de francs CFA pour entrer dans le capital de la Compagnie, récupérer la dette et les avions d’Air Afrique, puis relouer les avions à la compagnie Air Afrique qui deviendrait ainsi son client, donc son pourvoyeur de recettes.
Avec les revenus tirés de la location des avions, l’ASECNA, rembourserait aux créanciers et assureurs crédit, la dette avion, deviendrait à terme, propriétaire de ceux-ci et continuerait de tirer des revenus de sa nouvelle activité de location d’avions.
Au jour du départ de Sir Harry Tirvengadum (Janvier 1999), seulement 4.7 milliards sur les 11 promis, avaient été avancés par les États. L’ASECNA s’était retirée du projet de création de la « société de patrimoine », laissant la Compagnie empêtrée dans son endettement et sa tension de trésorerie aiguë.
Sir Harry, contrairement à Monsieur Yves Roland-Billecart, est arrivé seul et sans argent. Il disait faire confiance aux africains, mais ajoutait qu’il maintenait chacun à son poste « en intérim, le temps pour lui, de se faire sa propre opinion avant de publier pour fin janvier 1998, son organigramme ».
À y regarder de plus près, il s’agissait d’une manière habile de concentrer tous les pouvoirs entre ses seules mains, personne ne pouvant par délégation, prendre de décision sans en référer préalablement à lui.
Sir Harry Tirvengadum ne procéda en réalité à aucune réorganisation, à aucune nomination, pas plus qu’il ne publia d’organigramme. C’est seulement le 14 Juillet 1998, à la date de départ de monsieur Yves Picard, dernier Directeur Financier de l’équipe Billecart, que Sir Harry Tirvengadum procéda à son remplacement par un cadre d’Air Afrique : Monsieur Robert N’Tchobo, antérieurement chef du Département de l’audit interne, qui devenait ainsi le 5ème Directeur Financier de la Compagnie depuis 1989.
Pour revenir et clore le chapitre concernant la Direction financière, rappelons que depuis 1989, ce poste a fréquemment changé de titulaire, successivement :
- Dennery Pierre : 8 mois
- Yves Boudot : 3 ans
- Jean-Pierre Listre : 2 ans
- Yves Picard : 1 an
- Yves Picard : 1 an
- Robert Ntchobo : 1an 6 mois
- Robert Ntchobo : 3 mois
- Ferdinand Migan avec un adjoint : Touré Mahamane : 12 mois, puis avec deux adjoints : Touré Mahamane et Ange Mouket : 10 mois
- Ian Dunkerley avec un adjoint : Touré Mahamane : 3 mois
- Touré Mahamane tout seul : 2 mois après la démission de Ian Dunkerley
- Ange Mouket : 2 mois (après le limogeage de Touré Mahamane par Monsieur Jeffrey Erickson)
- Robert Ntchobo avec un adjoint M. Houénou jusqu’à la liquidation
– Sous Monsieur Roland-Billecart 1989/1996
– Sous Sir Harry 1997/1998
– Sous Monsieur Fousseny Konaté 1998/1999
– Sous Monsieur Pape Sow Thiam 1999/2001
– Sous Monsieur Erickson 2001/2001
– Sous Monsieur Marcel Kodjo 2001/2002
Au total de 1989 à 2001, la compagnie a enregistré le passage de 5 Directeurs généraux, alors que pour la même période, la valse des Directeurs financiers a placé aux commandes de ce secteur complexe et vital, 9 Directeurs titulaires plus 3 Directeurs Adjoints. Dans ces conditions d’instabilité chronique, il n’y avait rien d’étonnant à comprendre le manque de professionnalisme et les piètres performances de ce moulin à vent qu’était devenue notre D.F. (Direction financière)
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→ Chapitre VII.2 – Résultats de la farandole des Directeurs financiers
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