Les petits pas de la pieuvre
Alors que la recherche de mentor avait échoué et que les adeptes de cette solution en recherchaient sans doute une autre, se développait en interne, vraisemblablement initiée par le partenaire, une stratégie plus élaborée et plus orthodoxe : celle consistant à nouer avec Air France une « alliance forte ».
Certains Administrateurs d’Air France, présents à tous les Conseils d’Administration, en particulier à celui de Cotonou en 1995, sentant désormais inéluctable le départ de Monsieur Roland-Billecart, se rapprochaient de manière ostentatoire, voire souvent impudique, du syndicat d’Air Afrique et de ses responsables, cherchant à la fois à sauver les meubles et à préserver pour l’avenir les intérêts de leur Compagnie.
Ces opérations de séduction se poursuivront et, comble d’indécence, se matérialiseront avec l’ accord de la Direction Générale d’Air Afrique, par des rencontres organisées à Paris entre les syndicalistes d’Air Afrique et… la Direction Générale d’Air France.
À l’issue de chacune de ces réunions, un compte-rendu publié par messages Sitatex était envoyé par le secrétaire général
du syndicat, à l’attention de tous les agents d’Air Afrique, pour rendre compte du résultat des ces entretiens avec la Direction Générale d’Air France.
Il était devenu clair que même pour Air France, il n’y avait plus de pilote dans l’avion Air Afrique, ou que celui-ci était en sursis. Un haut cadre d’Air France chargé des relations internationales, dans sa cour effrénée des délégués syndicaux d’Air Afrique, se fera représenter à une réunion interne d’Air France pour… « Aller saluer le Secrétaire Général de l’I.S.T.A.A en transit à Paris », après avoir donné des instructions pour le faire surclasser sur le parcours Paris-New York sur un vol Air France.
Ces administrateurs savaient que le moment était venu de « recentrer » l’activité d’Air Afrique sur Paris, et ne ménageaient aucun effort pour atteindre cet objectif. Air Afrique était au plus mal et il était désormais possible et sans grande difficulté, contre des promesses d’aide et de soutien en vue de son redressement, de demander à son PDG, dans le « cadre de l’alliance forte », certaines corrections de ce qu’Air France avait qualifié en son temps de « boulimie expansionniste ».
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