Chapitre VI.2


L’après Bangui

Après Bangui, le syndicat triomphait, tandis que plusieurs cadres fourbissaient déjà leurs armes pour se positionner comme futur Directeur Général ou Directeur central, une fois mis en œuvre le contenu des accords. Certains autres, et ils étaient nombreux, qu’en comité restreint, nous appelions les IZNOGOUD, rêvaient déjà à la vacance prévisible du poste de PDG et s’activaient pour, le moment venu, postuler à sa succession.

Les Comités de Direction qui suivirent la rencontre de Bangui, furent pour certains Directeurs centraux, en particulier pour le Directeur de l’exploitation, un lieu d’étalage de leurs connaissances, non seulement dans leurs propres domaines de compétence, mais pratiquement dans tous les domaines d’activité de la Compagnie, au point parfois, de vouloir retirer la parole à des collègues Directeurs, pour, disaient-ils « expliquer » au Comité, le sujet que le titulaire allait exposer.

Il fallait à tout prix démontrer au Président Directeur Général, que « son » futur Directeur Général était en place, attendant uniquement d’être nommé par lui. Cette course au pouvoir a été créée par les nombreuses hésitations et confidences du PDG qui changeait périodiquement, en le faisant savoir, le nom du candidat qu’il envisageait de proposer au conseil d’administration.

Pendant ce temps, la dégradation des résultats et du climat interne aidant, les États qui n’avaient pas pardonné le choix originel du Président Houphouët-Boigny, ne prenaient plus de gants, et la tiédeur de leurs positions concernant les questions d’Air Afrique, ne laissait aucun doute sur leur souhait réel : celui de voir Monsieur Roland-Billecart dégager avec son équipe.

Dans plusieurs États, la future battue s’organisait sous l’influence d’anciens cadres d’Air Afrique licenciés en 1989, et/ou de

celle de fonctionnaires revanchards occupant des Postes de conseillers dans divers ministères. Certains parmi ces fonctionnaires, antérieurement cadres à Air Afrique avaient été remis à la disposition de leurs États ; d’autres prétendaient avoir été limogés de leurs postes à cause de Monsieur Roland-Billecart. Bref, il était de plus en plus évident que le départ de Monsieur Roland-Billecart et son équipe n’était plus qu’une question de temps, le compte à rebours ayant véritablement commencé. L’étau se resserrait de toutes parts.

Les fournisseurs exigeaient désormais le paiement au comptant, en particulier du carburant, des taxes de l’ASECNA, des prestations hôtelières, et des hébergements de passagers.

Les équipages étaient ballotés d’hôtel en hôtel chaque fois que le niveau des impayés conduisait les établissements concernés à refuser de les garder ou de les recevoir. Air Afrique était redevenue « Air sans fric », comme en 1989 à l’arrivée de monsieur Yves Roland-Billecart.

Les créanciers et assureurs crédits ayant financé le renouvellement de la flotte, exigèrent, et obtinrent d’Air Afrique, le paiement hebdomadaire de 300 (trois cents millions) de francs CFA, au seul titre des arriérés de la dette avions, sans parler du principal.

La Direction Générale accepta de faire régler hebdomadairement cette somme tirée sur le BSP (banque de compensation des ventes inter Compagnies).

Les saisies de comptes bancaires d’Air Afrique par ses créanciers, y compris par des États membres débiteurs, pour des retards de paiement d’impôts, se multipliaient.

Chapitre VI.1 – La traque de « l’équipe Billecart » : l’alliance États – Syndicats

→ Chapitre VI.3 – Les petits pas de la pieuvre

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