Le début de la chasse à l’homme et la recherche d’un mentor pour le PDG
Devant dégradation visible de la situation générale de la Compagnie et les tâtonnements dans la conduite des affaires, le personnel, réuni au sein d’un syndicat unique dénommé ISTAA, commençait à donner de la voix, critiquant de manière véhémente et parfois non sans raisons, plusieurs des actes et décisions de la Direction Générale.
Avec le recul, tout laisse à penser que quelques unes des sorties du syndicat, l’avaient été avec la bienveillante sollicitude de certaines des Administrations de nos États.
En effet, comment expliquer sinon, que dans deux ou trois États à la fois, le même jour, aux heures de grande écoute, et de préférence au journaux télévisés de 13 heures ou 20 heures, des syndicalistes d’Air Afrique soient conviés sur le plateau, pour vilipender leur Direction Générale, sans qu’il y soit offert une possibilité de droit de réponse. De même, il n’est pas exclu de penser que certains Administrateurs, y compris sans doute ceux d’Air France, aient laissé faire, encouragé et/ou alimenté des prises de position du syndicat pour fragiliser la Direction Générale.
Tous les signes précurseurs d’une proche tempête étaient réunis.
De plus en plus, les déplacements du PDG dans les États étaient précédés ou suivis de promotions d’agents ou de cadres des pays visités, souvent et même trop souvent, sur demande expresse des autorités de ces pays.
L’un des rares cas, à ma connaissance, qui n’a pu se concrétiser par des promotions “post-visite”, est celui de la dernière mission du PDG à Brazzaville. En effet au cours de cette visite effectuée sur demande des autorités, le ministre des transports avait préparé le terrain de ses doléances par une véritable charge contre le PDG et s’apprêtait à égrener ses doléances, lorsque sa secrétaire vint lui annoncer qu’il était attendu par le chef de l’État.
Le ministre décida une interruption de séance en nous demandant de ne pas bouger avant son retour.
Revenu de son entretien, le Ministre s’adressa au PDG en ces termes : « Nous ne sommes plus Ministre, nous suspendons la séance qui sera poursuivie – un jour prochain – par notre successeur ».
Pendant ce temps, les stratèges dont le conseiller spécial du PDG monsieur Christian Folly-Kossi et le « spécialiste de l’Afrique », persuadèrent Monsieur Yves Roland-Billecart, qu’il fallait trouver pour Air Afrique, donc pour le PDG, un mentor remplaçant du Président Houphouët-Boigny et préconisèrent de lui substituer le Président Eyadema du Togo, doyen d’âge des Présidents des États membres de la multinationale.
Le PDG, accompagné et encadré par son monde, se rendit à Lomé en 1995 en quête du nouveau Parrain. Malheureusement le parrainage attendu a tourné court, car à cette époque, les Autorités du Togo étaient confrontées à des problèmes internes autrement plus préoccupants ayant pour noms désobéissance civile, grèves à répétition, journées villes mortes.
Comme pour se rattraper de cet échec, les mêmes, en 1996, ont réussi à convaincre le PDG, que le bon parrain successeur d’Houphouët-Boigny était sans aucun doute Monsieur Ange Félix Patassé, Président de la République Centrafricaine, « fraîchement et démocratiquement élu, donc jouissant d‘une légitimité non contestable dans la durée ».
En plus de cet atout, le Président Patassé avait comme épouse « la cousine » togolaise d’un cadre d’Air Afrique, Christian Folly-Kossi, conseiller spécial du PDG, et avait comme conseiller personnel, un autre cadre de la Compagnie Robert Tatalla.
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