Après les B707 loués auprès d’Air France lors de la naissance de la compagnie, Air Afrique a utilisé de nouveau ces appareils dans les années 90, uniquement en version cargo. Le premier avait été loué un peu plus tôt, à la fin des années 80 à la compagnie Naganagani.
XT-ABX
B 707-336C S/N 18925, n° de fuselage 452
Cet appareil de la série 300 Convertible effectue son premier vol le 20 septembre 1965. Il est livré à la BOAC (G-ASZG) en décembre suivant et vole un an pour le compte de sa filiale Cunard. Le groupe devient British Airways en 1974. En 1983, il est acheté par TRATCO, négociant en avions. Immatriculé au Luxembourg (LX-FCV), il semble avoir volé pour Aero Uruguay. En 1984, il est acheté ou loué à la toute nouvelle compagnie burkinabé Naganagani (XT-ABX). Celle-ci le loue en juillet 89 à Air Afrique. Il porte une livrée blanche, les titres Naganagani en noir et Air Afrique en vert et le koba vert sur la dérive. Après son retour chez son propriétaire, il est acheté par la société irlandaise Oméga Air (EL-AKI) qui le loue à Brasair, compagnie cargo brésilienne qui deviendra Beta cargo (PP-BRB), en novembre 1994. Il sera démantelé à Rio à la fin des années 90.
Les conditions d’utilisation de l’appareil de Naganagani par Air Afrique ne me sont pas très claires. Le nouveau pouvoir burkinabé du président Thomas Sankara reproche alors à Air Afrique d’être incapable de transporter les vivres frais locaux destinés à l’exportation (l’accusation ne semble pas totalement infondée). Une compagnie locale « Naganagani » est montée très rapidement malgré les accords qui donnaient à Air Afrique l’exclusivité des vols internationaux. Après une période de tension, il semble qu’un compromis ait été trouvé : Naganagani exploiterait la ligne, (chose qu’Air Afrique ne pouvait assurer faute d’avion), sous numéro de vol Air Afrique.
Au début des années 90, Air Afrique loue 3 appareils auprès de la compagnie roumaine Tarom. C’était l’époque où Air Afrique se séparait du TU-TCF, son dernier DC-8 cargo.
YR-ABM
B 707-321C s/n 19272 n° de fuselage 578
Livré à la Pan Am en mai 1967 (N450PA « clipper Borinquen »), il est vendu à Tarom en août 1975 (YR-ABM). Fin 1986, il est loué quelques mois à Karu Kimba Linéas Aéreas. Il est loué à Air Afrique en 1990. Il est tout blanc, les titres et le koba sont vert clair, les hublots ayant été camouflés. Le 15 janvier 1993, le vol RK153 en provenance de Cotonou, se pose peu avant la piste 21 à Abidjan, arrachant le train principal. Terminant sa course sur le ventre, l’avion est détruit sans victimes heureusement.
YR-ABN
B 707-321C s/n 19379 n° de fuselage 677
Cet appareil est également livré neuf à Pan Am en février 1968 (N475PA « Clipper Sea Serpent ») Il est revendu à la Tarom en février 1976 (YR-ABN).
Air Afrique le loue en 1991. Il vole tout de blanc vêtu, portant les titres Air Afrique et le koba en vert. Lui aussi sera détruit, le 17 août 1995 à l’atterrissage, à N’djamena cette fois. Se posant sur piste mouillée, le moteur 4 refuse de passer en reverse et l’avion dépasse le bout de piste. L’appareil est détruit, sans victime.
YR-ABA
B 707-3K1C s/n 20803 n° de fuselage 878
Cet avion a été livré neuf à Tarom le 21 février 1974, immatriculé YR-ABA. Après diverses locations (Air Algérie, LOT, Birginair), il est loué à Air Afrique le 22 mars 1993, sans doute en remplacement du ABM détruit à Abidjan. Comme les 2 autres, il est blanc, les titres vert foncé sont petits au dessus des hublots. Il est à noter que les cornes du koba sont presque perpendiculaires. Il retourne à Tarom en 1996, il est alors stocké. Après d’autres locations Kuwait, Jaro International, Key Aviation, il est vendu à First International et opère pour South Asian Airlines du Bengladesh (S2-ADU) en mars 2003. Après une période de stockage à Sarjah (Emirats arabes), il retrouve l’Afrique, au Tchad, opérant pour Mid Express Tchad (TT-DAX) en octobre 2008. Il serait stocké à N’Djamena.
En 1996, Air Afrique s’adresse à un troisième exploitant, la compagnie D.A.S basée en Ouganda.
5X-JEF
B 707-379C s/n19821 n° de fuselage 718
Prévu pour la compagnie américaine de fret Saturn (N762U), l’appareil est livré à BOAC (qui deviendra British Airways) le 27 juin 1968 (G-AWHU). En novembre 1983, il est vendu à Air Supply Corporation, porte l’immatriculation zaïroise 9Q-CKI et se retrouve 2 mois plus tard chez Hang Khong Vietnam (VN-B3415 puis VN-83415). En août 1990, il est acquis par Dairo Air Services (puis DAR Air Cargo), compagnie basée en Ouganda et ayant gardé des attaches au Ghana. Commence une longue vie d’errance. Immatriculé 5X-JEF, il sera loué et connaîtra de multiples immatriculations (ST-GLD, 9G-OLF, 9G-ONE, 9G-WON). Il retrouve sa compagnie d’origine et son matricule ougandais en septembre 1993. C’est alors qu’il est loué à Air Afrique vers fin 1995 (Je n’ai pas les dates exactes).
Il garde sa livrée blanche à bandes noir, jaune, rouge avec les titres Air Afrique, mais ne porte pas le Koba. Vers 2000, il connaît une nouvelle errance, se retrouvant chez Great Lakes Airways (5X-GLA) puis peut-être 5X-EOT avant d’être stocké à Sarjah en octobre 2004. Il aurait connu une « vie » géorgienne, immatriculé 4L-GAS avant d’être de nouveau stocké, à Fujeira, autre émirat arabe.
5X-JON
B707-369C c/n 20546 n° de fuselage 860
Il effectue son premier vol le 11 janvier 1972 et est livré 4 jours plus tard à Kuwait Airways (9K-ACM). En 1985, il est vendu à la compagnie cargo américaine Southern Air Transport. Converti en tout cargo, il est immatriculé N523SJ en novembre de cette année. Il est loué à Métro Air Northeast en mars 1991 puis vendu en Ouganda à D.A.S. Il est loué à Air Afrique (à quelle date ? Sans doute vers fin 1995). Il conserve (tout comme le 5X-JEF) ses bandes noire, jaune et rouge, et porte les marques Air Afrique sans le Koba. C’est au cours d’un de ces vols RK, le 30 juin 1996, qu’il est détruit à l’atterrissage à Bamako. Se posant lors d’une forte pluie, une rafale de vent déséquilibre l’appareil. L’aile droite touche le sol, l’avion pivote et sort de la piste. Les quatre membres d’équipage sont indemnes.
5X-JET
B 707-351C s/n 19411 n° de fuselage 540
Ce B 707 effectue son premier vol le 23 novembre 1966, avant d’être livré mi-décembre à Northwest Orient Airlines (N371US). La J.A.T yougoslave l’acquiert en avril 1971 (YU-AGJ). Il fera un court passage chez Nigéria Airways entre septembre et novembre 1980. Il retourne aux États-Unis en juin 1987. Il vole pour Florida West International (N470FW) est loué à Million Air (N851MA) et revient chez Florida vers 1992. D.A.S l’achète en février 1994. Il est loué à Air Afrique vers 1997. Peut-être remplace-t-il le 5X-JON détruit à Bamako ? Toujours est-il qu’il ne semble pas avoir porté les titres Air Afrique, conservant sa livrée d’origine. (Je n’ai trouvé aucune photo où il porte les marques d’Air Afrique.) En janvier 1999, volant pour D.A.S, il est victime d’un sérieux problème technique. Voir le rapport de l’AAIB. Il est stocké à Manston GB de décembre 2001 à juin 2002. Par la suite, comme tous les B 707 vieillissants, malgré l’équipement de silencieux de type « hush kit », il connaît une vie incertaine dans les pays dits du Sud. En 2002, il est en Guinée Équatoriale chez Cargo Plus Aviation (3C-QRO). 2004 le retrouve au Congo (FIH) chez Congo Airlines (9Q-CHR). Selon le dernier « JP airlines fleets int », l’appareil est référencé dans la flotte de Hewa Bora Airways, compagnie congolaise et stocké à Kinshasa.
Bonsoir,
C’est avec un immense plaisir que vos écrits ont fait rejaillir à ma mémoire les excellentes heures passées à recevoir les enseignements de M. TRANCHEPAIN, lors de ma formation aux certificats PL (chez IAJM).
Sa passion, son sens de la pédagogie ainsi que sa rigueur notamment à nous enseigner l’utilisation du Mile Air avec un soin tout particulier à nous faire tailler “en aiguille” la pointe de notre crayon gras, demeurent à jamais graver dans mon esprit. Il aimait à ponctuer les leçons et les conseils qu’il nous promulguait, par des anecdotes toujours plus acides les unes que les autres (…l’ouverture des coquilles de reverse en sortie de tuyère, au nez d’aéronefs AF lorsqu’il les coiffait au roulage en s’engageant sur le runway, associée à un “pet simulé” libéré au micro pour l’équipage à qui cette œuvre était destinée). Ou encore, ces élèves pilote de l’armée de l’air qu’il encadrait (je crois sous le grade de capitaine) et qui revenaient se poser sans leur verrière après leur libération, envisageant leur propre éjection en vol suite à des manœuvres non maitrisées. Et TRANCHEPAIN de leur expliquer : “le jour où vous comprendrez qu’un avion est conçu pour être naturellement stable et qu’il vol mieux lorsque vous ne “branlez” pas le manche ce jour-là, vous aurez progressé”. Bref, la liste de mes souvenirs est longue et agréable. “TRANCHEPAIN, un sacré pêchu !!
Merci Captain TRANCHEPAIN. Vos messages me sont encore d’une grande utilité au quotidien.
Portez-vous bien et surtout prenez soin de vous, chers lecteurs et amoureux des ailes anciennes.
Aéronautiquement
Bonjour
Il m’est impossible de ne pas citer le captain Tranchepain qui reste pour moi totalement associé au XT-ABX. Durant sa période à Marseille, c’est lui qui en assurait la plupart des vols, et il fait partie de ces gens qui sont de vrais personnages avec un côté baroudeur bien marqué
Bonjour,
Ces 707 étaient régulièrement sur Marseille. Quel était leur réseau au départ de Marseille? Il y avait des numéros de vol de type RK151 ou 155…
En vous remerciant,
Cordialement,
Avez-vous lu Boeing 707 cargo ainsi que Air Afrique et NAGANAGANI ?
Merci encore pour cette nouvelle livraison que je viens de dévorer !
Cordialement